RELATIONS (A)SOCIALES
21 Dec 2018Skiirt
Ca y est. J’ai enfin obtenu mon passe pour la boutique. Je vais pouvoir me dégoter un vrai générateur de bouclier mais bon sang, qu’est ce que c’est cher ! J’ai fait un petit tour ce matin pour me faire une idée et pour l’instant, il faudrait que je vende mon vaisseau pour pouvoir me payer ce joujou ce qui, il faut bien le dire, n’aurait plus aucun intérêt.Il va falloir que j’aligne encore quelques missions bien lucratives pour enfin voler en toute sérénité.
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Malgré quelques inconvénients, le transport de bipèdes est vraiment le bon filon pour se faire du fric par ici.
Si je dit bipède, c’est parce que lorsque j’ai vu certains clients monter à bord, je n’ai pas toujours été sûre qu’ils aient tous été humains. Certains avaient de drôles de résonances métalliques et je n’ai pas été leur demander s’ils portaient une armure, s’ils avaient des implants non-bio ou même carrément s’ils étaient des cyborgs. Non, la règle première quand on fait du transport, c’est de ne rien voir, rien entendre et rien dire. Ok, on va dire que ca fait trois règles.
Mais des fois, on est bien obligé de parler aux clients. En particulier quand ceux-ci veulent s’inviter contre votre gré dans la cabine de pilotage ou même dans votre couchette. La dernière fois, j’ai bien cru qu’il allait falloir que je dépressurise la cabine pour faire sortir un vieux libidineux qui, sous prétexte qu’il possède une planète, se croyait vraiment tout permis.
Heureusement, il y avait une station à quelques minutes de là. J’ai donc fait un appontage rapide et prévenu la sécurité pour qu’ils expulsent le malotru de mon vaisseau. La dernière image que j’ai eu de cet individu est un visage cramoisi qui me lançait des injures, le poing tendu.
Ca ne m’étonnerait qu’un jour quelques mercenaires essayent de trouer ma coque.
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Personnellement, je classe mes passagers en trois catégories.
D’abord il y a les pénibles, les exigeants, les chiants, appelez les comme vous voulez.
Ceux là attendent que je sois sortie de la station pour me réclamer un truc essentiel à leur confort mais qu’ils n’ont bien sûr pas amené avec eux. Moi, je suis le pilote, pas leur maman.
En général, je coupe les communications pour ne plus entendre leurs jérémiades.
Il m’arrive de les revoir mais c’est assez rare.
Ensuite il y a les dangereux. Ceux-là, je les détecte à leur mine innocente et surtout à leur façon d’éviter d’être face à une caméra.
Être scannée avec eux à bord est synonyme de fuite en mode survie, mode furtif enclenché, la coque résonnant sous des impacts divers sans compter l’amende qui m’attend à l’arrivée.
Je ne devrais pas embarquer cette catégorie de personne mais il y a un truc qui m’attire chez eux, c’est qu’ils payent bien. Et oui, je suis devenue vénale !
La troisième catégorie, c’est les touristes. Ceux-là aussi payent bien mais par contre, ils veulent toujours aller se balader dans des coins pas possibles. Parcourir des milliers d’années lumière pour holographier des sondes qui ont peut-être été fabriquées près de chez eux, je ne comprend vraiment pas.
Comme ils se connaissent entre eux, ils passent leur temps à discuter ou prendre des holos des systèmes qu’on traverse pour se les montrer les uns les autres. Hé, les gens ? C’est juste des boules de gaz en fusion nucléaire, non? Pas de quoi se faire une collection de souvenirs...
Mais j’apprécie ces longues heures de calme où je n’ai à me préoccuper que de piloter mon vaisseau tout en scannant des données que je revendrai plus tard pour arrondir le bénéfice déjà confortable de ma course.
Et puis il y a les hors-catégorie. Récemment j’ai eu un exemplaire heureusement assez rare de dingue qui voulait traverser un trou noir pour prouver je ne sais quelle théorie.
Il a eu beau me proposer avec insistance une véritable fortune, j’ai évidemment refusé.
comment aurais-je fait pour la dépenser, cette fortune, une fois transformée en soupe de particules ?