VIP A RISQUE
23 Dec 2018Skiirt
Je ne m'attendais vraiment pas à ce qui vient de m'arriver. J'aurais dû me douter de quelque chose quand j'ai reçu cette demande de location pour toutes mes cabines à la fois sur une durée de plusieurs jours sans qu'on me précise la destination.
Le fait de recevoir une avance de 50% avec l'obligation de m'équiper d'une cabine luxe aurait dû me mettre la puce à l'oreille. (Pour ceux qui me liront sans comprendre, cette vieille expression n'a rien à voir avec un insecte, c'est juste une image qui signifie “avertir” )
Les deux jours que j'ai passé dans les docks sans que personne ne se présente aurait dû finir de me convaincre que quelque chose d’inhabituel se préparait.
Mais pas du tout, j'ai été stupéfaite quand les gardes impériaux ont d'abord entouré mon vaisseau. J'ai été encore plus éberluée quand, une heure plus tard, une petite troupe s'est approchée avec en son centre une tignasse bleue reconnaissable entre mille.
A ce moment, j'ai eu l'impression que mes organes donnaient des signes de défaillance tandis que des tas de pensées plus inquiétantes les unes que les autres se bousculaient dans ma cervelle.
“ai je commis récemment un crime impérial ? Qu'est ce que j'ai bien pu transporter récemment ?“
“qu'ai je bien pu dire au type que j'ai rencontré hier soir dans ce bar où l'alcool frelaté coulait à flot? Et d'ailleurs comment s'est fini cette soirée ?”
“si je dois “la” transporter, ne vais je pas me faire attaquer par une nuée de mercenaires ou de fanatiques ?”
“s'il s'agit d'un transport secret, quelles sont les chances qu'ils me laissent vivante et libre ensuite ?”
“ai je encore le temps et la possibilité de m'échapper ?”
Mais, finalement, après un petit moment à discuter, le groupe s'est disloqué et j'ai vu avec soulagement s'éloigner la chevelure impériale tandis qu'un petit bonhomme chauve entouré de quatre gardes se dirigeaient d'un pas rapide vers mon vaisseau pour aller directement s'enfermer dans ma nouvelle cabine luxe.
Une minute plus tard, un uniforme militaire entrait dans ma cabine et le type à l'air sombre enfermé à l'intérieur m’ordonnait de désapponter.
“Quelle destination? “ demandai je en tachant de masquer la panique qui continuait à me tordre les tripes.
“Je vous communiquerai les coordonnées à l'extérieur de la station” fut la réponse lancée d'un ton sec.
S'ensuivit quelques sauts dont je ne peux pas indiquer ici la destination finale. Puis une journée et demi à attendre et un retour par un itinéraire très compliqué sans que ne soit proféré dans la cabine d’autre paroles que les coordonnées de saut.
Tout ce petit monde quitta finalement mon bord en même temps que le solde tombait sur mon compte.
J’eu alors l'impression que l'oxygène faisait son retour au poste de pilotage.
Ce n'est qu'alors que je réalisais que j'avais laissé traîner mes pièges à rats dans les coursives. Et si… ?
Une goutte de sueur au front, je fis un tour rapide pour constater que les pièges, tous vides, étaient entassés dans une autre cabine. Visiblement, la sécurité avait minutieusement inspecté mon vaisseau sans que je rende compte de rien.
Cet oubli compromet sérieusement mes chances qu'un autre transport diplomatique me soit proposé un jour, mais j'en suis plus soulagée que déçue.