Ca fait mal a l'âme.
03 Nov 2024Benebuns
- Cette histoire raconte celle d'un camarade le CMDR Mani MCLAYNE.Je m’appelle Mani McLayne, Officier des opérations Directeur de mission de l’escadron Thieves of Soul, de la flotte de l’Empire. Depuis bientôt trois ans, je navigue entre les étoiles, traquant la mort verte des Thargoids. Et ce soir encore, je les attends, caché dans l’ombre glaciale de l’anneau d’une planète que personne ne connaît. Autour de moi, il n’y a que la nuit déchirée par le grondement sourd de mon moteur.
On m’avait dit qu’il y aurait la gloire, les honneurs, le noble sentiment du devoir. Je ne sais plus qui, d’ailleurs… Un supérieur, quelque bureaucrate du quartier général qui n’a jamais vu un Thargoid de près. Mais il n’y a rien de glorieux ici. Ce n’est qu’une traque silencieuse, un massacre incessant qui se perd dans le vide, sans écho, sans fin.
La première fois que j’ai vu un Thargoid, j’ai su que tout ce qu’on m’avait raconté n’était que mensonge. On parle de ces créatures comme d’ennemis, d’assaillants, comme s’ils n’étaient rien de plus que des cibles. Mais il y a autre chose chez eux, quelque chose qui échappe à notre compréhension, un regard froid qui n’a ni haine ni compassion. Ils sont une force brute de la nature, implacable et étrangère. Quand ils surgissent, il n’y a pas de doute ni de chance : ils détruisent tout ce qui respire sans un mot, comme un ouragan impassible qui ravage tout sur son passage.
Et maintenant, nous sommes là, quelques pilotes éreintés, fatigués jusqu’à l’os, suspendus dans l’abîme. Mes mains tremblent légèrement en vérifiant les commandes. L’odeur rance de la sueur me monte aux narines. Nous attendons depuis des heures, piégés dans cette boîte de métal sans le moindre souffle d’air frais, en espérant un moment de répit, une nuit d’oubli.
Mais la guerre ne connaît ni pitié, ni repos. Les capteurs clignotent : l’ennemi est là, venu de nulle part, surgissant du néant comme s’il s’était matérialisé dans l’obscurité. Une lumière verte, aveuglante, se déverse devant moi. Je n’ai que quelques secondes pour réagir, et déjà, je sens la panique monter.
Le combat s’engage. Les lasers crient, le cockpit tremble sous l’impact des tirs ennemis. J’essaie de garder le contrôle, mais le Thargoid est rapide, vif comme la foudre. Il danse autour de moi avec une aisance déconcertante. Ses manœuvres n’ont rien d’humain, elles n’ont pas de logique pour un esprit comme le mien ; chaque mouvement semble calculé pour échapper à ma compréhension.
Soudain, la chaleur m’envahit. Mon bouclier s’effondre sous une attaque directe, et une odeur de métal brûlé envahit la cabine. Je m’agrippe à la console, mon corps tout entier tendu vers une survie presque animale, luttant contre la peur paralysante qui me fige.
La bataille dure une éternité, ou peut-être juste une poignée de minutes. Le temps est déchiqueté dans l’instant de survie. Puis, enfin, dans un sursaut de chance ou de désespoir, je réussis à lancer le dernier projectile. Le Thargoid vacille, une lumière mourante s’échappe de sa coque, et il s’effondre dans un tourbillon lent, englouti par le noir.
Quand tout est fini, je reste immobile, les mains encore crispées sur les commandes. Un silence profond m’entoure. Ce n’est qu’à ce moment-là que je réalise : c’est moi qui tremble, moi qui peine à respirer. La solitude me saisit d’une poigne brutale. Dans ce cockpit trop étroit, je suis un homme seul, perdu parmi des étoiles mortes.
Alors je pense à ce qu’on ne raconte jamais, à ce que l’on cache soigneusement. Ils ne disent rien de la peur, de l’épuisement. Ils ne disent rien du vide que la guerre creuse en nous, chaque jour un peu plus. Ce n’est pas une lutte glorieuse, c’est un lent effritement, un effondrement de l’âme.
Je baisse les yeux, cherchant un signe de réconfort dans la cabine, un détail, quelque chose de familier. Mais tout ce qui reste, ce sont des commandes froides, des chiffres lumineux et clignotants qui semblent me narguer. La machine, elle, continue de tourner, imperturbable, prête à repartir.
Et moi, Mani, lieutenant de la flotte de l’Empire, je reste ici, entre l’ombre et l’infini, attendant la prochaine étoile qui viendra s’éteindre sous mes yeux.